Les commissures de vos lèvres sont rouges et irritées ? C’est douloureux, comme une brûlure, et vous empêche d’ouvrir la bouche pleinement ? Vous souffrez sans doute d’une perlèche ou chéilite angulaire.
Pas de panique, sous ses appellations compliquées et ses symptômes très désagréables, cette affection est vraiment bénigne et se soigne très bien. Mais il faudra repérer et contrôler au mieux les conditions de récidive, car il s’agit d’un problème très souvent chronique.
Aujourd’hui, Dentaly.org vous explique tout sur la perlèche, comment la traiter et comment empêcher toute forme de récidive. Vous allez même pouvoir en oublier le nom !
Sommaire
La perlèche : qu’est-ce que c’est ?
Son étymologie vient du verbe “pourlécher”, et la perlèche s’est d’ailleurs longtemps appelée “la pourlèche”. C’est en effet très souvent à cause de ce “toc” qu’ont les enfants, de se lécher constamment les lèvres et leurs commissures, que l’inflammation survient et devient chronique.
Le nom plus médical de “chéilite angulaire” vient du grec: inflammation (“-ite”) à l’angle des lèvres (“chéi-“, de kheïlos).
Mais ce qui caractérise notamment la perlèche est les complications de l’inflammation avec un agent infectieux ou fongique, ce qui est fréquent, le milieu buccal proche étant l’habitat de quantité de bactéries et de champignons.
Perlèche infectieuse ou fongique
L’inflammation, en restant humide, “chaude” et locale, au coin des lèvres, est le terrain idéal pour accueillir germes et champignons qui viennent de la bouche ou bien de l’extérieur (en se frottant avec les mains sales par exemple).
Les perlèches infectieuses sont courantes et notamment dues au staphylocoque ou au streptocoque. Elles peuvent également contenir un champignon de type Candida, en plus du germe infectieux ou bien seul.
Les causes d’une perlèche
Si le “pourléchage” est fréquent chez les jeunes enfants et peut entraîner une perlèche, c’est moins le cas chez les adultes. D’autres causes sont alors à l’origine d’une inflammation du coin des lèvres :
- Le port d’appareils dentaires de type “bagues” chez les adolescents ou de prothèses de remplacement chez les personnes âgées : s’ils sont mal réglés, ces appareils peuvent à la fois blesser en continu les commissures des lèvres et provoquer une hyper-salivation;
- La modification de la forme des lèvres, chez les personnes âgées notamment : avec apparition d’un sillon labial qui “enferme” sur lui-même le coin des lèvres, et dans lequel la salive macère;
- Une inflammation de contact (de type allergique ou non): par des produits de maquillage, des piercings ou des objets sans cesse portés à la bouche;
- Une candidose buccale, favorisant l’inflammation fongique au coin des lèvres : généralement due à une alimentation riche en sucre, à l’utilisation de corticoïdes en spray (pour la gorge ou le nez), ou bien à des maladies chroniques comme le diabète ou le VIH.
Diagnostiquer une perlèche ou chéilite
Les symptômes sont vraiment typiques, et votre médecin devrait reconnaître facilement une perlèche. C’est en cas de forme récidivante ou résistante (au traitement habituel), que votre médecin poussera les investigations à l’aide d’analyses biologiques et de questionnaires de vie plus détaillés.
Symptômes de la perlèche
- Des lésions ulcéreuses, très enflammées et douloureuses, aux coins des lèvres (d’un seul côté ou des deux côtés).
- Les lésions présentes des fissures avec des croûtes rouges ou blanchâtres.
- Les lésions peuvent saigner, notamment quand on doit ouvrir la bouche pour manger, ou bien en riant.
- De fait, l’ouverture de la bouche est limitée par la perlèche, car elle entraîne des douleurs vives de type brûlure, ce qui est gênant pour les interactions sociales, pour les repas ou le soin des dents.
Le médecin, devant de tels symptômes, reconnaîtra une perlèche, mais il peut aussi étudier un diagnostic différentiel. Il vous demandera alors si vous avez eu un traumatisme récent au coin des lèvres. Cela peut être le cas lors d’une opération dentaire, de l’utilisation trop brutale du fil dentaire, en mangeant un sandwich trop épais ou bien par l’utilisation de certains produits de maquillage irritants. Si le traumatisme est acté, sans inflammation chronique infectée, le traitement sera différent.
Pour confirmer ou compléter son diagnostic, notamment en cas de forme chronique ou résistante, votre médecin peut faire un prélèvement au niveau des lésions. L’analyse des prélèvements donnera le germe et/ou le champignon responsables de la complication de la perlèche.
Facteurs de risque pour la perlèche
Il a été établi un nombre de facteurs pouvant déclencher et entretenir les formes chroniques et infectées de la perlèche :
- Un déficit d’éléments nutritionnels “de défense” : comme le zinc, le fer, les vitamines B et E;
- Des maladies chroniques fragilisant le système immunitaire face aux infections et aux champignons : comme le diabète et le VIH;
- La forme naturelle de la bouche et/ou un affaissement des muscles et du derme péri-buccaux, qui favorisent l’écoulement de la salive, comme chez les personnes âgées notamment;
- Le stress, qui fragilise le système immunitaire et l’équilibre dermique, et qui peut provoquer des mouvements buccaux involontaires ou bien des “tocs” de succion.
Comment soigner une perlèche ?
Heureusement, les traitements médicamenteux et naturels sont vraiment efficaces, et rapidement. Les seconds aident en plus à prévenir les récidives.
Traitements médicamenteux de la perlèche
Les traitements médicamenteux sont locaux, à base de pommades ou de sprays antibactériens et/ou antifongiques, complétés par l’application d’une pommade “barrière” à base de zinc anti-infectieux. Ce traitement vous soulagera rapidement.
En cas de rares complications sérieuses, un traitement local à base d’injections ou de badigeonnages d’anti-inflammatoires corticostéroïdiens peut être proposé. Mais ils peuvent déclencher une récidive ultérieure en fragilisant la barrière cutanée. Les dermatologues essayent donc de soigner en amont, rapidement, pour éviter les complications et le recours aux corticostéroïdes.
Traitements naturels de la perlèche
En cas d’affection récente, l’huile essentielle de Tea Tree peut être utilisée directement sur les lésions, pour tuer bactéries et champignons.
Après l’application de l’huile essentielle, et avec des mains propres, vous pouvez masser les lésions avec de l’huile de calendula ou de nigelle. Les acides gras qu’elles contiennent et leur profil anti-bactérien et anti-inflammatoire viendront renforcer la barrière cutanée sur le long terme et soulagera les symptômes immédiatement.
Eviter les récidives de perlèche
Pour résoudre le problème de fond et éviter les récidives, il faut repérer l’ensemble des facteurs déclenchants, et il faut traiter le “terrain” entièrement.
Renforcer l’immunité
C’est comme cela que vous pourrez au mieux agir sur le “terrain” :
- En chouchoutant votre foie, le “chef” immunitaire: évitez ses ennemis jurés qui sont l’alcool et le gras, et faites une cure détox à base d’ampoules d’artichaut et de radis noir;
- En enrichissant votre alimentation de fruits et légumes pro-immunitaires riches en vitamines A, E, B et C: avocat, carottes, choux, radis, fraises, cerises, pommes, citrons…
- En évitant le sucre, et en se rinçant bien la bouche après une prise alimentaire sucrée (le sucre favorisant les candidoses);
- En gérant votre stress: avec la méditation, la marche, le yoga, la sophrologie;
- En rinçant votre bouche, après des traitements locaux sous forme de sprays anti-inflammatoires aux corticoïdes (pour éviter la baisse immunitaire locale face aux champignons).
Prendre de bonnes habitudes avec votre bouche
Mettez en place les bonnes habitudes qui prennent soin de votre bouche dans sa globalité :
- Consulter un dentiste au moins une fois par an : pour vérifier que la densité osseuse de la mâchoire n’est pas menacée par une affection dentaire ou un appareil mal réglé (ce qui favorise l’affaissement du derme). Une affection dentaire modifie également le terrain buccal, avec plus de menace bactérienne et fongique;
- Eviter les “tocs buccaux” : comme mâchouiller un stylo, se lécher les lèvres, mettre et remettre du baume à lèvre à base de vaseline qui entretient l’humidité à la commissure des lèvres, sans nourrir la peau;
- Utiliser des baumes à lèvres bénéfiques : comme un baume à lèvres à base de Tea Tree et de beurre de cacao, à utiliser après chaque repas et nettoyage de la bouche, pour prévenir tout problème inflammatoire et infectieux, et renforcer la barrière cutanée en nourrissant la peau.
- Mâcher des chewing-gums anti-bactériens, deux fois par jour : c’est un conseil pour les personnes âgées, notamment, ou toute personne chez qui la salivation et les mouvements de déglutition sont réduits (parce qu’il y a moins de parole, moins d’activité musculaire buccale). Les bactéries se développent alors plus facilement.
Régler les problèmes péri-buccaux
Pour certaines personnes sujettes aux récidives, la forme même des lèvres est un facteur déclenchant : quand les coins s’affaissent et se replient sur eux-mêmes ou quand des micro-crispations en continu dans la journée favorise l’écoulement de la salive. Heureusement, il y a aussi des solutions pour lutter contre le naturel !
- Injections de “fillers”: pour certaines personnes dont le coin des lèvres s’est affaissé (avec l’âge notamment), il peut être conseillé d’avoir recours aux injections d’acide hyaluronique pour “désenclaver” les commissures;
- Rééducation des mouvements péri-buccaux, pour détendre et calmer les crispations du coin des lèvres: avec l’aide d’une orthophoniste (et/ou d’une sophrologue si le stress est également un facteur aggravant).
Conclusion
Se pourlécher les babines, réellement, est déconseillé ! La salive, en s’accumulant dans la forme en U du coin des lèvres, crée un milieu inflammatoire propice aux complications bactériennes et/ou fongiques. Heureusement, la perlèche se soigne très bien, localement, avec des traitements naturels ou médicamenteux. Mais elle a de fortes chances de réapparaître si on ne soigne pas la cause !
Que la perlèche soit due à un appareil dentaire mal réglé qui provoque des irritations et des écoulements de salive, à des “tocs” de succion (ongles, bouchons de stylo…), ou au stress (qui provoque crispations musculaires et baisse de l’immunité), il faut rétablir le calme ! Et adopter de bonnes habitudes, comme l’application d’un baume à lèvres à base de Tea Tree antibactérien et de beurre de cacao protecteur.
Le site de l’assurance maladie. Reconnaître une mycose cutanée. Fiche conseil [en ligne]. <https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/mycose-cutanee/reconnaitre-mycose-cutanee> Consulté le 29 janvier 2020
Dermatology Advisor. Angular cheilitis. Fiche d’aide au diagnostic médical [en ligne]. <https://www.dermatologyadvisor.com/home/decision-support-in-medicine/dermatology/angular-cheilitis-perleche-angular-stomatitis-cheilosis/> Consulté le 29 janvier 2020