Le kyste dentaire apparaît généralement sous la racine de la dent. Bien qu’il soit classé dans la catégorie des tumeurs, cette petite vésicule remplie de liquide ne doit pas vous inquiéter, car elle est bénigne dans la très grande majorité des cas.
Très fréquente, cette pathologie est pourtant mal connue et c’est pourquoi nous avons décidé de lui consacrer un dossier spécial sur Dentaly.org s’articulant notamment autour de trois questions :
- Quelles sont les causes et les symptômes ?
- Quels moyens existent pour les soigner ?
- Quels sont autres types de kystes dans la bouche ?
Quelle que soit la grosseur de cette vésicule, son extraction est obligatoire.
Sommaire
Qu’est-ce qu’un kyste dentaire ?
Il s’agit d’une petite boule formée à l’intérieur de l’os maxillaire, se présentant le plus souvent sous une forme arrondie ou ovale. Habituellement, elle est localisée à l’extrémité d’une dent nécrosée. Le contenu du kyste varie en fonction de son origine : infectieuse ou congénitale. Il renferme le plus souvent du liquide dont la production continue cause l’augmentation de son volume.
Cela correspond à une tumeur bénigne qui peut toucher n’importe quelle dent, y compris les dents de sagesse. Il débute par une infection diffuse appelée granulome (quand il fait moins de 5 mm) qui évolue en formant une poche de tissus infectés.
Causes d’un kyste d’origine dentaire
Deux origines expliquent son apparition.
Une origine congénitale :
Dans ce cas de figure, le kyste est soit présent dès la naissance, soit lié au développement dentaire. Cette catégorie regroupe divers types vésicules :
- De type dentigère ;
- De type d’éruption ;
- De type glandulaire :
- De type odontogène calicifié ;
- De type gingival.
Une origine infectieuse :
La vésicule est plus souvent liée à des complications infectieuses (pathologies de la pulpe dentaire non ou mal traitées). Dès lors, nous parlons des types suivants :
Dans ce cas de figure, les bactéries peuvent provenir d’une carie, d’une dent mal soignée ou encore d’un choc (lors d’un accident par exemple) ayant entraîné la nécrose d’une dent.
Lorsqu’il dépasse la taille critique de 5 mm, on ne parle plus de granulome, mais de kyste apical et il devient urgent de le traiter.
Quels sont les symptômes ?
Un kyste dentaire se développe très lentement. Il grossit sans douleur et ne présente d’autres signes extérieurs. On ne le détecte généralement qu’à un stade plus avancé grâce à sa grosseur ou à cause des bactéries qui peuvent proliférer, engendrant une inflammation et des douleurs.
Il est donc le plus souvent diagnostiqué par hasard, lors d’une visite de routine chez le dentiste, qui peut remarquer une tuméfaction anormale au niveau de la mâchoire ou des gencives.
Parfois, le patient peut ressentir des symptômes plus ou moins graves, tels que :
- Une douleur dentaire ;
- Une mobilité anormale d’une dent ou des déplacements dentaires ;
- Une gêne ou sensation de pression sous la dent ;
- Un saignement gingival ;
- Une fistule avec éventuellement un écoulement de pus ;
- Un trouble de l’occlusion dentaire ;
- Des fractures spontanées au niveau de la mâchoire (dans les cas les plus sévères)
En raison d’une absence fréquente de symptômes, seule une radiographie, parfois accompagnée d’un panoramique dentaire, permettra de poser un diagnostic clair de kyste apical.
Dr Rania Slama, chirurgien dentiste, spécialisée dans l’implantologie et l’endodontie.
Traitement des kystes dentaires
En première intention, votre dentiste va vous prescrire des antibiotiques qui supprimeront momentanément l’infection. Il faut ensuite procéder à une intervention chirurgicale.
Dans le cas où la dent est déjà dévitalisée, il faut reprendre le traitement endodontique. Si l’accès aux canaux endodontiques n’est pas possible, à cause de la présence d’une prothèse fixée, il faudra procéder à une résection apicale, afin de conserver la dent. Il s’agit d’un acte chirurgical permettant d’éliminer le problème à l’extrémité de la racine, de désinfecter et ré-obturer les canaux, sans passer par l’intérieur de celle-ci.
La vidéo suivante présente en détail en quoi consiste l’endodontie
Dans la majorité des cas, la seule solution est l’ablation chirurgicale. Votre praticien effectuera une énucléation pour éliminer l’intégralité de la poche kystique pour éviter qu’elle ne se reforme ultérieurement. L’intervention peut être effectuée sous anesthésie locale, loco-régionale ou encore générale lorsque la situation l’exige, et aura généralement lieu dans le cabinet dentaire.
Si les dents à proximité ou les gencives sont également touchées par l’infection, il faudra également les traiter, voire les extraire.
Cicatrisation et soins post-opératoires
Une fois l’opération effectuée, le patient devra suivre une série de soins post-opératoires tels que : la prise d’antibiotiques et d’anti-douleur, des bains de bouche, un brossage des dents doux, mais soigneux, l’application de glace sur la joue et une alimentation froide pendant les premiers jours.
Le temps de cicatrisation dépendra du type de lésion et de la taille du kyste. Dans tous les cas, il est important que la personne arrête de fumer afin d’éviter les problèmes et retards de cicatrisation. Par ailleurs, il sera nécessaire de surveiller la zone dans le but de s’assurer que cette pathologie ne réapparaisse pas.
Le traitement chirurgical fonctionne durablement pour 80 à 90% des cas et les récidives sont généralement dues à un curetage incomplet. Une fois la zone nettoyée, il sera possible de poser un implant dentaire sur la dent.
Comme pour tous les actes chirurgicaux, la cystotomie peut entraîner des complications qui sont toutefois très rares. En général, à la suite de l’opération, les patients peuvent constater des petits saignements dans la zone opérée, parfois accompagnés de douleurs. L’œdème n’est pas fréquent, mais peut apparaître chez certaines personnes de manière non prévisible.
De toute façon, un suivi post-opératoire par le chirurgien dentiste est toujours prévu dans le cadre du traitement d’un kyste dentaire et permet d’éviter un grand nombre de complications.
Les autres types de kystes de la bouche
Il existe d’autres types de kystes pouvant se développer en dehors de l’os maxillaire et qui apparaissent à proximité, voire à l’intérieur de la bouche, sans être d’origine dentaire. Ils touchent notamment le palais, les joues et les lèvres.
Le kyste du palais ou naso-palatin
Il s’agit du kyste non dentaire de la région buccale le plus fréquent. Il touche environ 1% de la population et majoritairement les hommes.
Généralement asymptotique, on le diagnostique grâce à la présence d’une tuméfaction de la partie antérieure du palais et le plus souvent à l’aide d’une radiographie du palais.
Pour le soigner, il est nécessaire de pratiquer une énucléation chirurgicale.
Le kyste sur la lèvre supérieur ou naso-labial
Il s’apparente à gonflement de la lèvre supérieure provoquant parfois une obstruction nasale et une gêne respiratoire. Pathologie assez rare, elle touche davantage les femmes que les hommes et survient surtout entre 30 et 50 ans.
Le traitement le plus courant est une excision et une ablation totale du kyste, suivie d’un traitement antibiotique.
Le kyste sur la joue interne
Il s’agit de kystes dermoïdes, bénins qui doivent être retirés chirurgicalement pour éviter toute complication.
S’il est localisé à l’extérieur de la joue, il s’agit plutôt d’un kyste sébacé ou d’un autre problème dermatologique moins grave.
Kyste dentaire = cancer ?
Bien que l’on parle de tumeur puisqu’il s’agit effectivement d’une augmentation du volume des tissus, celle-ci ne peut entraîner de métastases et ne doit donc pas être assimilée à un cancer. Un kyste de la mâchoire est, de ce fait, une tumeur sans gravité qu’il sera tout de même nécessaire de traiter pour anticiper des complications à l’intérieur de la bouche.
Parmi ces complications, on peut noter :
- Le risque de formation d’un abcès et une accumulation de pus dans les tissus de la mâchoire ;
- Une déformation de la mâchoire où se situe le kyste lorsque la taille de celui-ci devient importante ;
- Une douleur ou une gêne pour mastiquer.
En dehors de ces complications locales, si le kyste dentaire n’est pas traité rapidement, l’infection peut se propager au reste du corps au travers du sang et entraîner un certain nombre de complications potentiellement graves comme :
- Des problèmes respiratoires ;
- Des maladies cardiovasculaires ;
- Un abcès cérébral ;
- Des douleurs articulaires ;
- Une atteinte des reins.
C’est particulièrement vrai dans le cas de patient.e.s souffrant déjà de pathologies d’un des organes “cibles” comme les poumons, le cœur, le cerveau ou encore les reins. Il devient donc primordial d’entamer un traitement.
Conclusion
Le kyste dentaire, tout comme les autres kystes de la cavité buccale, est la plupart du temps bénin et son traitement s’avère simple et durable : il convient de procéder à une énucléation chirurgicale de cette petite vésicule, suivie d’un traitement antibiotique.
Il est toutefois important de rappeler que le meilleur traitement étant la prévention, afin de réduire le risque de développer de telles affections. Dans cette perspective, nous rappelons l’importance de consulter votre dentiste. Ce dernier sera en mesure de réaliser des examens radiologiques nécessaires pour confirmer la présence d’un kyste peu avancé et maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire.
Par ailleurs, si vous souffrez d’une maladie infectieuse dont la cause est inexpliquée, cette pathologie dentaire, passant souvent inaperçue, pourrait bien en être à l’origine.
FAQ : les questions les plus fréquentes concernant les kystes dentaires
Est-ce qu’un kyste dentaire peut être cancéreux ?
Classé dans la catégorie des tumeurs, le kyste est cependant bénin et ne peut pas entraîner de métastases.
Quelle est la différence entre un kyste dentaire et un abcès dentaire ?
L’abcès dentaire se traduit par une infection locale remplie de pus. Il est fréquent de le confondre avec un kyste pour leur origine bactérienne ou leur localisation. D’ailleurs, un abcès peut se développer juste à côté d’un kyste dentaire.
Comment enlever un kyste dentaire naturellement ?
Des méthodes naturelles peuvent apaiser la douleur ou réduire la gêne ressentie, mais seule l’exérèse réalisée par un spécialiste en chirurgie maxillo-faciale pourra éliminer le kyste.
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